Le danger caché du bain de bouche : voici ce qui se passe quand vous l’utilisez après l’exercice

bain de bouche

Une étude anglo-espagnole a détecté que ce produit d’hygiène dentaire interfère avec les fonctions cardiovasculaires de base liées au sport.

Mesure d’hygiène

Avec le brossage des dents, les bains de bouche sont l’une des grandes recommandations pour maintenir une bonne santé bucco-dentaire et éviter les éventuelles complications associées, des caries dentaires typiques qui touchent de plus en plus les enfants et les moins jeunes, aux diverses surinfections telles que la gingivite. Cependant, ces bains de bouche ne sont peut-être pas aussi bénéfiques qu’on le croit, ou du moins pas dans tous les cas.

Bain de bouche bon ou mauvais ?

Les bains de bouche sont destinés à neutraliser l’activité des bactéries vivant dans la bouche, voire à les éliminer complètement. Cet effet est en principe bénéfique sans équivoque, car il améliore l’hygiène dentaire, mais ces micro-organismes ont également des conséquences symbiotiques sur la santé dont il faut tenir compte.

C’est ce que suggère une étude publiée en novembre 2019 dans la revue Free Radical Biology and Medicine, réalisée par un groupe de scientifiques du Royaume-Uni et d’Espagne. Selon ces chercheurs, l’utilisation d’un bain de bouche après un exercice physique pourrait réduire l’un des bénéfices du sport dans la réduction de la pression sanguine.

Lors d’un effort physique, les vaisseaux sanguins s’ouvrent et se dilatent grâce à la production d’oxyde nitrique. Il s’agit d’un processus connu sous le nom de vasodilatation, qui à son tour augmente la circulation sanguine vers les muscles actifs.

On a longtemps pensé que ce phénomène ne se produisait que pendant l’exercice, mais on sait maintenant que l’augmentation de la circulation sanguine se maintient même lorsque nous avons terminé, ce qui entraînerait une diminution de la pression sanguine. Et c’est précisément ce phénomène qui se produit grâce à l’interaction entre les bactéries dans la bouche et le nitrate, un composé formé après la dégradation de l’oxyde nitrique.

Selon Raul Bescos, spécialiste en physiologie à l’université de Plymouth, le nitrate peut être absorbé dans les glandes salivaires et excrété avec la salive dans la bouche. Certaines espèces de bactéries dans la bouche peuvent l’utiliser et le convertir en nitrite, une molécule qui peut augmenter la production d’oxyde nitrique par le corps.

Lorsque le nitrite est avalé avec la salive et absorbé dans la circulation sanguine, il se transforme à nouveau en oxyde nitrique, ce qui maintient la vasodilatation (augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins) et réduit la pression sanguine après l’exercice. Cependant, ce mécanisme physiologique peut être considérablement perturbé par l’utilisation d’un bain de bouche antibactérien.

Et c’est ce que le petit travail anglo-espagnol suggérait. Vingt-trois adultes en bonne santé qui ont couru sur un tapis roulant pendant 30 minutes ont été testés et divisés en deux groupes : un groupe a utilisé un bain de bouche antibactérien et l’autre un placebo à la menthe. Elles ont été prises immédiatement après l’exercice, à 30 minutes, à 60 minutes et à 90 minutes de la fin du tapis roulant. La tension artérielle des participants a également été prise pendant l’expérience, immédiatement après et pendant le reste de la durée de l’expérience.

Baisse de la pression artérielle

Selon les conclusions de l’étude, une heure après la fin de l’exercice, la réduction moyenne de la pression artérielle systolique dans le groupe placebo était de -5,2 mmHg. Dans le groupe qui a utilisé un bain de bouche, la réduction n’a été que de 2 mmHg, ce qui signifie que le bain de bouche, à base de chlorhexidine à 0,2%, inhiberait la réduction de la pression artérielle jusqu’à 60% après l’exercice.

Après deux heures d’exercice, le groupe qui a utilisé un bain de bouche n’a montré aucun signe de réduction de la pression artérielle, alors que le groupe placebo a encore montré une réduction significative de la pression artérielle.

Selon les chercheurs, cette étude serait la première preuve que les bactéries buccales et leur activité sur le nitrate seraient un mécanisme clé pour induire une réponse cardiovasculaire aiguë à l’exercice après la récupération chez les personnes en bonne santé.

C’est-à-dire que les bactéries buccales n’existent pas vraiment par hasard, mais qu’elles ont une activité très importante non seulement au niveau buccal, mais aussi au niveau circulatoire, raison pour laquelle son élimination pourrait entraîner des complications dans certains cas.